JOURNAUX ET ARTICLES

Reportage/Haut-Karabagh

 

ARMEN VEUT EXPORTER SON "TTI OGHI" DU KARABAGH

            

Armen Gulkhanian contemple ses plantations de mûriers, aux environs de Mardouni, à une trentaine de kilomètres de Stépanakert. "Avec quelques centaines d'arbres, ma production reste artisanale, avec quelque milliers de bouteilles de ce fameux tti oghi -Ndlr alcool de mûre- du Karabagh. Une production que j'écoule sur le marché de Stépanakert, Mardouni et Mardakert. Mais à terme, je désire agrandir mon exploitation par une emprunt et me lancer dans l'exportation." nous confie Armen. Ancien combattant durant les années de la guerre de libération du Karabagh, Armen, natif de Mardouni reste très proches de ses racines et de cette terre du Karabagh. "Ces montagnes boisées, ce Paradis terrestre qu'est l'Artsakh, c'est ma vie" lance-t-il en scrutant les sommets des montagnes qui couvrent l'horizon. Armen nous tend quelques verres de ce fameux touti oghi que les Karabaghtsis appellent tti oghi. "Buvez, notre tti oghi est le meilleur qui puisse exister, il a des vertus médicinales et il prolonge la vie. Voyez nos centenaires, le secret de leur longévité est la consommation régulière du tti oghi." reprend Armen en portant un verre "à la santé des Arméniens de la diaspora".

Mais derrière l'aspect chaleureux et bon enfant, Armen confiera plus tard ses angoisses. "Cette guerre nous l'avons gagné. Mais cette situation étrange de ni-paix, no-guerre, n'est pas propice à relancer l'économie de notre République du Haut-Karabagh. Et avec toutes ces rencontres Kotcharian-Aliev et le rapprochement de Moscou avec Bakou, je ne vois rien de bon pour l'avenir du Karabagh" reprend Armen et ajoute "dans le cas où les Azéris seraient tentés de revenir, le peuple du Karabagh leur donnerait une nouvelle leçon. Les Karabaghtsis triompheront toujours. Mais aujourd'hui la guerre se gagne surtout sur le plan économique, et dans ce domaine, nous sommes en retard par rapport au reste du monde. Et une nouvelle guerre nous replongerait encore plus dans le chaos.".

Le Karabagh jadis coupée de l'Arménie par des frontières politiques a longtemps vécu en autarcie. Repliés sur eux-mêmes, les paysans de la région ont développé une économie basée sur la production artisanale et familiale, suffisant aux besoins locaux. Ainsi, presque chaque famille du Karabagh avait sa recette de préparation du traditionnel tti oghi comme celle du tonir (pain), saucissons, confitures et conserves pour l'hiver. Des comportements héritées d'une histoire qui plonge ses racines dans l'origine de la naissance du peuple arménien.

"Aujourd'hui, avec la modernité et l'économie de marché  la petite production familiale doit laisser place à la production artisanale et industrielle. L'économie du Haut-Karabagh connaissant ces dernières années un changement rapide vers cette forme nouvelle d'échanges économiques. Il convient donc de produire non pas pour le marché intérieur, mais pour l'export. Et importer avec les devises tous les biens que nous ne pouvons produire" dit Armen en montrant sa nouvelle Mercedes d'occasion qu'il vient d'acheter en Allemagne.

En caressant le signe de sa Mercedes, Armen lancera "nous sommes des consommateurs comme tous les peuples européens et nous devons absolument ouvrir notre économie à l'investisseur étranger pour pouvoir exporter notre production et acquérir des devises. Car l'ère du troc est révolue...".

                                                                                         Stepanakert/Mardouni

                                                                                          Krikor Amirzayan

                                                                                      Journaliste-Caricaturiste

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