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Reportages en Arménie

ARMEN: "L'ARMENIE EST UN PETIT POINT OUBLIE SUR UNE CARTE"

Armen Arousdamian, 17 ans est un footballeur prodige. Natif d'un village proche de Stepanakert, la capitale du Haut-Karabagh, Armen après une saison passée dans un club de Stepanakert, est repéré par des cadres d'un équipe d'Erévan. Cet excellent dribbleur, doté d'une course rapide et d'une précision exceptionnelle dans ses tirs, a très vite attiré la convoitise de nombreux clubs arméniens et russes. "Mais mon désir est de signer avec un club d'Europe de l'ouest, entre l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne ou la France, car c'est ces pays disposent d'un football de qualité et des finances gigantesques" nous confesse Armen avec son regard naïf d'enfant en passe de devenir adulte.

"Pour l'instant je n'ai pas eu de propositions sérieuses de ces clubs étrangers, j'ai de nombreux contacts en France, en Pologne et en Allemagne, mais rien de concret. Mais j'ai bon espoir..." lance Armen qui rêve de carrière internationale, synonyme de succès et de réussite économique.

Un rêve qui pourrait se briser devant le constat que les championnats de l'Europe de l'ouest sont jusqu'à aujourd'hui insensibles aux valeurs des footballeurs d'Arménie. A de rares exceptions près.

"Je sais que l'Arménie est très loin de l'Europe, et que tout ce qui se passe ici n'intéresse pas beaucoup les européens, néanmoins, ces dirigeants du football européen devraient s'intéresser d'avantage à l'Arménie, car notre pays est un réservoir de joueurs de talents et sans doute les plus compétitifs du continent en matière de prix." reprend Armen et d'ajouter "Les quelque 500 000 Arméniens de France devraient être pour nous des relais entre l'Arménie et les clubs européens. Mais je crois que même ces Arméniens de la diaspora ne connaissent pas le niveau du football d'Arménie et les talents que ce football recèle".

Reconnus par les spécialistes comme disposant des qualités techniques incontestables et d'un dévouement exemplaire sur le terrain, les footballeurs arméniens en grand nombre dans le championnat de Russie, du Liban ou d'Israël, peinent à investir les championnats d'Europe occidentale. La raison de cet échec tient sans doute de la culture plus que du niveau professionnel des joueurs. "J'ai eu de nombreux propositions pour le championnat libanais venant des Arméniens du Liban, mais j'ai refusé à chaque fois, car j'estime que pour un joueur professionnel qui veut faire une véritable carrière internationale, le Moyen Orient n'offre pas cette possibilité tant par le niveau du football que de sa médiatisation" confesse Armen qui regrette toutefois que "les Arméniens de France sont fort discrets. Quelques-uns plus hardis qui viennent à Erévan, nous encouragent à contacter des clubs français. Mais ils ne font rien pour que ce contact se fasse. En fait, notre malchance est de ne pas disposer en France, d'agents capables de réaliser les contrats".

Pourtant avec les sommes colossales que dépensent les clubs français, allemands, italiens ou espagnols, l'Arménie pourrait récolter de précieuses devises, en plaçant quelques joueurs dans ces championnats.

Mais à l'exemple des produits arméniens de qualité mais incapables d'inonder le marché européen pour cause de marketing ou de contrats appropriés, le football arménien n'est pas capable de se vendre à l'étranger. Le destin voulut qu'Armen Arousdamian naisse au Haut Karabagh. Une terre sur laquelle il se sent très fier. Mais il y a fort à parier que si ce prodige du football était né en France ou dans un autre pays d'Europe occidentale, son nom serait aujourd'hui plus populaire que les stars du football international. "Il est vrai que nous avons ce handicap d'être loin de tout et de n'intéresser personne, car l'Arménie est difficile à détecter sur une carte, tellement elle est petite. Mais nous devons surmonter ce handicap se faire connaître afin de devenir un pays incontournable du football européen".

Krikor Amirzayan