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Reportages
en Arménie
- "NOTRE JEUNESSE EST INCULTE" LANCE VLADIMIR
Vladimir Assatrian ancien cadre au sein du Parti Communiste d'Arménie vit l'indépendance comme une tragédie. "Cette indépendance, et cette anarchie ambiante qui règne e Arménie depuis 1991, c'est un grand retour en arrière dans l'obscurantisme d'un monde rétrograde" lance Vladimir, amer et dépité. Et de reprendre "l'Union soviétique était la protectrice de la République arménienne, et c'est grâce à elle que le peuple arménien a établi les bases d'un Etat, avec ses institutions, ses écoles, ses usines et sa défense. C'est aussi grâce à Moscou qu'Erévan a pu disposer de son métro ou de son Hamalir. Aujourd'hui le budget entier de l'Etat arménien ne suffirait pas à construire une seule ligne de métro ! ". Vladimir pointant du doigt les nombreuses médailles qui ornent les murs de son appartement lance "pour nous, ces médailles attribuées par le Parti avait une très grande signification. On était prêt à se sacrifier pour le peuple et pour la patrie. Aujourd'hui, les citoyens sont devenus individualistes et égoïstes, indifférents à ces valeurs qui ont pourtant bâti notre République" et d'jouter "pourtant, du système éducatif à la santé, en passant par l'administration, le métro et les stades, les citoyens actuels de l'Arménie profitent des acquis de l'ère soviétique bâtis à la sueur de nos fronts à coup de courage et de travail". Plus que de la nostalgie d'une époque révolue à jamais, Vladimir semble regretter le gâchis et le délabrement des infrastructures publiques et la détresse du peuple. "Regardez nos routes défoncées, nos usines en ruine et les longues files d'attente des candidats à l'émigration devant les consulats étrangers et vous comprendrez que cette indépendance de l'Arménie fut une catastrophe pour notre peuple comme de tous les peuples de l'ex-Union soviétique" affirme Vladimir et s'interroge "regardez dans les rues ces jeunes gens qui ont arrêté très tôt leurs études errer dans les rues ou faire du petit business. Des jeunes souvent indisciplinés et disposant de très peu d'éducation. C'est sur eux que devra compter l'Arménie pour son avenir ?". "Nous avons devant nous toute une jeunesse inculte, qui devra affronter les nouveaux défis mondiaux en matière de technologie pour développer l'Arménie et sortir le pays de la crise. Mais je vois difficilement cette jeunesse assumer de tels challenges, si bien que l'Arménie, pays jadis développé s'enfoncera inexorablement au rang des économies des pays du tiers monde" conclut Vladimir. Phénomène grave, aujourd'hui à Erévan, ils sont de plus en plus nombreux à penser comme Vladimir que l'Arménie s'enfonce dans cette spirale. "Regardez les têtes de nos députés au Parlement. Ce sont pour la plupart des hommes incultes, des businessmen et presque toujours des mafieux. Comment voulez-vous que le pays se relève ?" me lance Achot, un universitaire qui vend quelques cigarettes à la sauvette dans les rues centrales d'Erévan. Avec un humour propre aux Erévanais, Achot reprend "vous savez, ici à Erévan, il se raconte que pour être député ou homme politique, il ne faut pas savoir lire et écrire. Il faut juste savoir bien compter afin de bien placer les millions de dollars que l'on subtilise au peuple". Même exagérée, cette rumeur populaire montre l'étendue du fossé qui s'est creusé depuis l'indépendance entre le peuple et le pouvoir. Krikor Amirzayan |
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