JOURNAUX ET ARTICLES |
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Reportages en Arménie et au
Haut-Karabagh
- ARMEN REVE D'EXPORTER SES KHATCHKARS VERS LA FRANCE
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Stepanakert. Armen Grigorian est tailleur de pierre. Une tradition familiale des Grigorian qui fait remonter le métier à plusieurs générations. Installé près d'un rivière à la sortie de Stepanakert, en direction d'Askéran, l'atelier d'Armen est une installation précaire formée de tufs grossièrement cimentées et d'un toit en tôle ondulée quelque peu oxydée rongée par l'âge. Dans l'atelier, deux tours qui polissent la pierre un levier métallique de construction robuste, des outils et des rangées impressionnantes de pierres. Du tuf, du basalte ou encore du marbre. "Nos montagnes recèlent des richesses inépuisables de tuf, de basalte ou du marbre. Mais le plus difficile et le plus coûteux est le travail d'extraction des mines et leur transport. Néanmoins dans tous les cas, ils nous coûtent dix à cent fois moins chers que les prix appliqués en Europe ou en Occident" nous lance Armen en caressant de sa main droite, un khatchkar (croix en pierre) récemment taillé et en |
stade de polissage. Près de nous deux ouvriers s'activent à lisser sous une meule et à l'aide d'une pression d'eau, une tranche de basalte. Un peu plus loin, un artisan tailleur cisèle un grand khatchkar de couleur brune qui servira de pierre tombale pour une future commande. "Nos khatchkars sont des modèles spécifiques du Karabagh, ma fille est chargée de la création de nouveaux motifs et nous avons plusieurs ouvrier spécialisés qui réalisent ces dessins sur la pierre" me lance Armen en aspirant la fumée de sa cigarette "Erévan". Dans l'atelier, des pierres multicolores travaillées attendent un dernier polissage avant l'arrivée de leur livraison. "Nous travaillons essentiellement pour les particuliers qui investissent des sommes importantes pour décorer leur maison ou la demeure de leurs défunts. Faites un tour au cimetière communal de Stepanakert, pour vous rendre compte de l'importance des disparus dans nos familles arméniennes" reprend Armen et d'ajouter "ici, en Artsakh, tout comme en Arménie, la dignité et le culte de nos morts et disparus est très grand et revêt un caractère quasi-religieux". Même si le marché intérieur, dont la demande est relativement faible |
permet à Armen et ses ouvriers de vivre décemment, c'est vers l'export que le chef d'entreprise fixe les yeux. "Pourquoi ne pas exporter nos belles pierres taillées, décoratives ou tombales, vers l'Europe et notamment la France et ses quelque 500 000 Arméniens ? Un khatchkar sur une tombe arménienne en France, ne serait-il pas meilleur qu'une pierre quelconque ? D'autant que même avec le transport, une pierre du Karabagh reviendrait à coup sur bien moins cher que celles utilisées en France" lance Armen qui se plaint du manque de structure et d'organisation pour l'aider à exporter. "Si vous pouvez nous aider à organiser ce circuit, ce serait rendre un grand service à l'économie de l'Artsakh et à l'arménité de la diaspora que l'on dit déclinante et en phase d'assimilation" reprend Armen qui rêve d'exporter ses pierres tailles vers l'Europe occidentale. "Même si le transport de ces pierres peut être une affaire relativement simple, il y a une véritable politique de protectionnisme et de lobyying en Europe. Si bien que ces pays, grâce à la pression de ses propres fabricants, appliqueraient un contrôle et une taxation rendant presque impossible toute importation" nous dit Arthur, un des ouvriers d'Armen. |
"La communauté arménienne de France est suffisamment nombreuse et influente pour faire assouplir les directives de Paris en matières de produits venant d'Arménie et du Karabagh. Mais à mon avis, le véritable problème est la recherche de personnes spécialisées dans l'import-export, qui puissent y croire à la rentabilité de cette affaire et monter une structure adéquate" lançai-je en leur promettant de faire l'écho de leur demande au sein de la communauté arménienne de France. |
Convaincu aussi que plutôt que d'enrichir les entrepreneurs français ou étrangers, les Arméniens de France pourraient faire "d'une pierre deux coups" par l'acquisition de magnifiques pierres sculptées pour une somme inférieure au prix du marché occidental et aider par la même occasion, l'économie de l'Arménie et du Karabagh à se relever... |
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Krikor Amirzayan |
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