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Arménie-reportage - UNE HABITANTE D'EREVAN "NOTRE VILLE EST DEFIGUREE..."
"Notre belle ville qui faisait la fierté de toute la nation arménienne, est aujourd'hui méconnaissable. Délabrée et défigurée par une urbanisation anarchique et sauvage qui ne respecte aucunement l'intérêt collectif. Erévan était hier encore une ville belle et propre, avec des citoyens bien élevés respectueux de leur environnement. Aujourd'hui notre capitale est une ville sale et désordonnée. De sorte que nombre de ses habitants regardent de ce que la ville était il y a encore à peine quinze ans" lance Emma Grigorian, ancien ingénieur chimiste d'une cinquantaine d'année, au chômage depuis la fermeture du complexe chimique Naïrite. Emma Grigorian qui était également un cadre du Parti Communiste arménien, vit en compagnie de son mari, également ingénieur au chômage, dans un petit appartement de la rue Abovian considérée comme l'un des quartiers les plus authentique d'Erévan. "Nous survivons de petits boulots car les pensions que nous touchons de l'Etat, suffisent à peine à éclairer notre appartement" reprend Emma d'un humour corrosif typique des Erévannais. "Cette ville se dépeuple à une vitesse ahurissante. Les jeunes en manque cruel d'avenir quittent le pays pour l'étranger. A tel point qu'Erévan est devenu un grand centre de retraite pour personnes âgées avec quelques buisnessmes qui se chargent de l'organisation du fonctionnement de ce parc." lance Emma avec une tristesse infinie au fond de ses yeux d'un bleu azur. "Alors que nous avions bâti cette République sur un idéal, aujourd'hui les citoyens d'Arménie et nos dirigeants sont en panne d'idées. En panne d'idéal. En panne d'avenir. Si bien que sans inspiration, comment voulez-vous que le quotidien s'améliore ?" reprend Emma et d'ajouter "aujourd'hui je suis très triste sur l'avenir de mon pays, de nos jeunes et de notre capitale Erévan. Une ville dans laquelle nous avons à chaque coin de rue, à chaque maison et à chaque place, un souvenir impérissable d'un passé grandiose à jamais anéanti". Fervente défenseur de la patrie socialiste, Emma pense que l'"Indépendance de l'Arménie est une catastrophe historique qui met en péril l'avenir physique du peuple arménien" tout en reconnaissant que "cette Indépendance n'était pas le fait des Arméniens, mais un mouvement inéluctable de l'implosion et de l'éclatement de l'Union Soviétique". Pense-t-elle émigrer pour rejoindre ses deux enfants, professeurs de physique-chimie à Moscou ? "Malgré nos difficultés quotidienne, jamais je ne pourrais quitter ce pays et cette ville. A Moscou je ne peux rester plus longtemps que trois jours car déjà Erévan me manque. Malgré son visage défiguré, l'air, l'odeur, l'eau et la couleur de cette ville sont pour moi un besoin vital. Et à chaque fois que je quitte cette terre, je la retrouve encore plus belle et plus chaleureuse. C'est un sentiment fort d'appartenance. C'est ma vie." répond Emma. Comme Emma, ils sont aujourd'hui des centaines de milliers à s'accrocher à l'antique Erébouni, Erévan la ville aux façades multicolores qui font de la capitale arménienne l'une des plus belles villes du monde...malgré ses récentes plaies qui font suite au délabrement du pays. Krikor Amirzayan |
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