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Aventure
vécue
- Le survivant arménien du « Titanic »
Le 15 avril 1912, à 2 heures du matin, au sud de Terre-Neuve, en Atlantique Nord, le « Titanic » heurte un iceberg pour couler en moins de deux heures dans les eaux glaciales de l’océan, en emportant avec lui par près de 4 000 mètres de fonds, 1 522 passagers et hommes d’équipage. Le naufrage du plus grand paquebot du monde, qui devait relier pour son voyage inaugural Liverpool à New-York, devenait l’une des plus grandes tragédies humaines du XXe siècle. Le succès planétaire du film « Titanic » de James Cameron, confirmant la passion du public pour ce qui est aujourd’hui devenu un véritable mythe. Krikor Amirzayan, journaliste et caricaturiste, nous retrace l’histoire d’un arménien survivant du « Titanic ». Dans cette terrible catastrophe du « Titanic » on dénombre 705 survivant, dont un jeune émigrant arménien, Nechan Krikorian. Cet homme n’a jamais raconté l’histoire de son vivant. De son étrange silence naquit un mythe : celui d’un immigrant arménien qui avait eu la vie sauve lors du naufrage du « Titanic » en se déguisant en femme ! Ce mythe a longtemps hanté sa famille et sa fière communauté arménienne. Récit. Fuyant les persécutions turques et kurdes, Nechan Krikorian était arrivé de Trébizonde à Marseille, au début du siècle dernier. Hanté par le « rêve Américain », il avait aussitôt fait ses bagages -deux petites valises-, pris le train pour Paris, puis de Paris à Cherbourg, où il devait embarquer pour l’Angleterre. A Southampton, muni d’un billet de seconde classe, acheté à 54 livres sterling, Nechan Krikorian montait aussitôt sur le « Titanic », en partance pour New-York. La nuit du drame, il était allé se retirer à 22 heures dans sa chambre, située au située au pont « G », à tribord du bateau, et s’était paisiblement endormi vers 23 heures. D’un sommeil si paisible et surtout si profond que lorsque, moins de de deux heures plus tard, le « Titanic » heurtait à tribord l’iceberg fatal, Nechan Krikorian n’est même pas réveillé par le choc violent…Ce sont ses voisins de chambre, alertés par l’ampleur de la catastrophe et l’agitation perceptible, qui le réveillent enfin. Nechan se lève, et par un réflexe de survie, s’habille chaudement, prend rapidement quelques affaires personnelles dans un paquet, puis se lance, au milieu d’une panique indescriptible, à l’assaut du pont supérieur. Pont réservé aux riches passagers de première classe, et d’où viendra le seul et unique salut… Comment a-t-il réussi à atteindre ce pont supérieur impitoyablement verrouillé des étages inférieurs par d’épaisses grilles métalliques ? La réponse reste encore un mystère. Peut-être que par chance et grand hasard, Nechan Krikorian est tombé sur une grille mal verrouillée ? Ou alors, un officier plus indulgent et s’apitoyant au sort horrible réservé aux centaines de passagers de seconde classe, avait, dans un geste de pitié, ouvert l’une des grilles. Aujourd’hui encore, le mystère reste entier. Toujours est-il que l’athlétique Nechan Krikorian s’est retrouvé sur le pont supérieur du « Titanic ». Un pont sur lequel, dans une panique indescriptible, hommes, femmes et enfants se bousculaient autour des officiers du bateau qui avaient commencé à larguer à la mer, une partie des vingt canots de sauvetage. Envahis par la peur panique, les passagers se lançaient en masse sur les canots, obligeant les officiers à intervenir par des tirs de sommation afin de contenir les débordements. Aux cris de « femmes et enfants d’abord » ceux-ci tentaient de maintenir l’ordre. Mais l’instinct de survie des passagers, rendait cette opération difficile, voir impossible. Observant sous la nuit étoilée ce grand vacarme humain, Nechan Krikorian, qui ne connaît pas l’anglais, ne compris pas un seul mot de l’appel lancé dans sa direction par un officier. « Armenian » se contenta-t-il de répondre, surpris et navré. Mais Nechan réalisa aussitôt que l’officier cherchait des bras robustes pour ramer l’un des canots de survie. Il se porta aussitôt volontaire. Puis descendu dans les eaux étrangement calmes de l’Atlantique, Nechan Krikorian rama sans cesse. Il rama pendant des heures sur sa barque numéro sept, jusqu’à épuisement et échappa probablement pour cette raison à l’hypothermie. Au matin du 15 avril 1912, à 7h35 précises, Nechan Krikorian était parmi les quelque 705 survivants du « Titanic », secourus par le Carpathia, arrivé sur les lieux du naufrage trois heures après la catastrophe. Débarqués à New-York, plus de la moitié de ces survivants du « Titanic » succombèrent à la pneumonie. Nechan Krikorian, survécut une nouvelle fois ! Destin d’un homme chanceux. Nechan Krikorian, au prix de cette odyssée extraordinaire fut le seul et unique survivant Arménien du « Titanic ». Un bateau sur lequel d’après diverses sources se seraient également embarqués d’autres Arméniens. On parle d’une douzaine d’émigrants originaires d’Arménie, fuyant les persécutions turques sous l’Empire Ottoman. Mais le doute subsiste. Même si les la Société des Archives du « Titanic » évoque également le cas d’un autre Arménien, un certain Mardirossian, un commerçant Arménien, originaire de Lyon. Mais Nechan Krilorian reste le seul et unique survivant Arménien du « Titanic ». Aujourd’hui, après le succès mondial du film « Titanic » de James Cameron, l’heure de la réhabilitation de la mémoire des héros involontaires du « Titanic » a sonné. Rendons hommage à l’aventure extraordinaire, vécue par Nechan Krikorian, l’Arménien survivant du naufrage du « Titanic ». Sources : presse étrangère et arménienne, dont « Asbarez » ( Los Angeles) et « Horizon » (Canada). Cet article parut également dans « Azad Magazine » (numéro 82, 2ème trimestre 1998). Krikor Amirzayan |
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